Netflix a changé mes nuits

Amateurs de séries ou véritables accros à Netflix, la nuit est leur moment privilégié pour assouvir leur passion. Quitte à parfois en pâtir le lendemain...

« Oui, on peut dire que je suis accro à Netflix, notamment la nuit. » Camille, 20 ans, étudiante en BTS à Lisieux (Calvados), n’a aucun problème pour reconnaître son addiction.  Elle fait partie des 5 millions de Français abonnés à la plateforme américaine de visionnage de films et de séries. Les Français qui adhèrent au service implanté dans l’hexagone en 2014 sont toujours plus nombreux. Pour certains, il s’agit simplement de passer le temps devant une bonne série. Mais pour d’autres, Netflix est devenu une véritable obsession nocturne.

Rachel, 28 ans, peut littéralement passer des nuits entières devant des séries sur Netflix. « J’en regarde toutes les nuits sur mon téléphone pendant que mon copain dort à côté de moi », confie la jeune femme, actuellement sans emploi. Passionnée de films et de séries depuis son enfance, Rachel affirme avoir visionné 29 800 épisodes de séries. L’équivalent de trois ans et trois mois devant son écran. « J’ai passé plusieurs mois à ne pas pouvoir dormir beaucoup donc je regardais nuit et jour, témoigne cette sériephile. Des fois, je peux faire sept nuits blanches dans la semaine pour regarder Netflix. »

Impossible pour Rachel de nous dire quelle est la série qu’elle “binge-watch” (visionnage en rafale) le plus. « J’ai déjà regardé 400 séries et j’en rajoute sans arrêt ! », répond-elle, joyeusement. Pour autant, elle n’a pas réussi à transmettre sa passion à son compagnon. Lui pense qu’il s’agit « d’une perte de temps complète », mais l’accepte. Après tout, lui aussi a ses propres passions.

« J’ai déjà raté un entretien d’embauche à cause de Netflix »

La principale raison évoquée par tous ces fans de séries noctambules ? Le syndrome du « allez un dernier épisode », qui ne l’est en réalité jamais. Aramatou y est très souvent confrontée. « Je peux y rester jusqu’à 6 heures du matin si je trouve une série prenante », confesse-t-elle.

Souvent, les épisodes supplémentaires se transforment en nuit blanche devant son écran. Aramatou avoue s’être retrouvée plusieurs fois trop fatiguée pour se lever, à cause de Netflix. Une situation qui a eu des conséquences sur sa vie personnelle et professionnelle : « J’ai déjà raté un entretien d’embauche parce que je regardais Atypical (une série sur la vie d’un adolescent autiste, ndlr). Je me suis même endormie au cinéma à cause de ça, il y a trois semaines. »

Netflix a produit 700 séries et films en 2018. ©Pixabay

A 31 ans, Geoffrey est, lui, gérant d’un restaurant. Il travaille quinze heures par jour mais trouve quand même le temps d’assouvir sa passion pour les séries Netflix. « Je regarde des séries à peu près toutes les nuits, trois semaines sur quatre en moyenne », témoigne-t-il. Assurant que ses heures de visionnage nocturne n’influent pas sur son travail, Geoffrey se remémore néanmoins avoir déjà raté un rendez-vous avec un fournisseur.

« J’oubliais de me nourrir »

Cause de nombreux oublis, retards, voire manques à des obligations, Netflix s’est imposé petit à petit dans la vie de bon nombre de Français, allant même pour certains jusqu’à changer leur quotidien.

Rkia, mère de famille de 30 ans, est abonnée à Netflix depuis deux ans. « Quand j’étais en congé parental, j’ai regardé toutes les longues séries. Pour ma dernière série Netflix, La reina del flow, une telenovela colombienne, j’étais clairement addicte. »

Rkia était tellement accro qu’elle avait mis en place un rituel pour pouvoir s’occuper de ses deux enfants tout en avançant dans ses séries : « Le soir, une fois les enfants récupérés de l’école, c’était vite douche-manger-dodo. Ensuite, je me mettais sur Netflix jusqu’à 4 heures, parfois 5 heures du matin. Je regardais ma série, j’accompagnais mes enfants à l’école, je rentrais et bim un autre épisode. J’oubliais même de me nourrir », raconte-t-elle, en riant.

Générateur de “binge-watching” et d’excès en tout genre, le phénomène Netflix semble parfois s’apparenter, pour ses adeptes, à une histoire sans fin.

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