Les amants de Saint-Valentin

La Saint-Valentin a trouvé sa capitale : le village de… Saint-Valentin. Située dans l’Indre, cette petite bourgade donne depuis 55 ans l’envie d’aimer à ses visiteurs.

Une atmosphère particulière règne à Saint-Valentin : celle de l’amour. Le 14 février est traditionnellement un jour de fête pour les 300 âmes de ce petit village de l’Indre. Car oui, c’est bien un village dont nous parlons ! Après deux jours à célébrer la passion de Cupidon, les saint-valentinois s’apprêtent à assister au bouquet final des festivités : la soirée des amoureux.

 

Saint-Valentin sait accueillir ses visiteurs ! ©Adrien Develay



Une petite centaine de personnes s’est rassemblée pour l’occasion, principalement des couples de seniors. Les duos sont invités à s’installer sur de grandes tables.  Au bout de l’une d’entre elles, Philippe et Sarah tapent du pied. Depuis 1964, date de la première édition, ces deux amoureux viennent tous les ans à Saint-Valentin. « Nous n’avons raté qu’une seule année », se félicite l’ancien cuisinier.  « C’est notre rendez-vous », renchérit  Sarah. « On vient, on danse, on mange, on boit… Ça fait du bien ! La Saint-Valentin, c’est ma fête préférée ! »

La façade du restaurant étoilé de Saint-Valentin. ©Adrien Develay

 

Ils viennent du bout du monde

Pour profiter de cet hymne à l’amour, les tourtereaux arrivent parfois de très très loin.  C’est le cas de Takao et Miko Mitsumida, venus de Tokyo. Jumelée avec les villes de Sagara et Sakuto, Saint-Valentin fait chaque année sa déclaration au Japon.

Après un dîner gastronomique où se succèdent foie gras, magret de canard et duo de saumon, la soirée dansante peut commencer. 


La fin de l’histoire d’amour ?

Après 55 ans d’existence, la soirée peine à conserver ses éclats d’antan. « C’était tout de même autre chose il y a quelques années », se souvient Colette, nostalgique. « C’est la première fois qu’il y a aussi peu de monde », regrette-t-elle. Effectivement ce soir, seuls 75 couverts ont été prévus. Avec son mari Marcel, ils font partie des habitués.  Ils préparent la décoration du village depuis 15 jours. Pour eux, cette fête, c’est un beau roman, une belle histoire

La mairie a bien essayé de trouver des solutions pour rajeunir un peu l’évènement. Pour la première fois cette année, les convives ont pu assister à un défilé de mode d’un jeune créateur. « C’est important de changer un peu », affirme Pierre Rousseau, le maire de la commune. « Cette fête est une institution dans le village, c’est le rendez-vous de l’année ! Il faut innover un peu. »

Le défilé de mode, proposé par Jean-Philippe Pinaud. ©Adrien Develay

Malgré l’abnégation de ses organisateurs,  Saint-Valentin connaît ses vertiges de l’amour. « Certes nous avons beaucoup plus de monde lorsque le 14 février tombe le weekend, mais là ce n’est quand même pas fameux », se lamentent Chantal et Bernard, habitants du village depuis 11 ans. « Avant il y avait un grand chapiteau à l’extérieur, des soirées cabaret, des spectacles. Là, le défilé de mode était superbe, mais on aurait beaucoup plus de monde si on proposait un vrai show ! »  Un constat qui ne rassure pas ces jeunes retraités pour la suite : « Je ne crois pas que cela durera encore 10 ans », regrette Chantal.

Malgré leurs doutes, les organisateurs continueront de proposer leurs services. « Certains viennent de Marseille et de la Rochelle », soutient Bernard. « C’est pour cela qu’on continue. Là, nous avons deux jeunes fiancés qui viennent pour la première fois à Saint-Valentin ! »

La soirée dansante a rencontré son succès. ©Adrien Develay


Unique couple de moins de 30 ans de la soirée, Tony et Mélanie célèbrent effectivement leur amour dans ce village. « J’adore cette ambiance, c’est magnifique ! », s’enthousiasme Tony. « La Saint-Valentin c’est très important pour moi ! », témoigne-t-il. Mais il ne célèbre pas que la passion ce soir. « Nous fêtons aussi ses 28 ans », explique Mélanie. Et l’histoire d’amour avec le village n’est pas près de s’arrêter. Les deux amants ont décidé de se marier à Saint-Valentin le 14 février 2021.

Texte : Alexandre Malesson

Photos et vidéo : Adrien Develay