Polyamoureux : “Pour la Saint-Valentin, on a réservé tout l’étage d’un restaurant”

S'ils ne sont pas en couple exclusif, certains polyamoureux ont quand même trouvé des stratégies pour fêter la Saint-Valentin.

Ricardo ne fêtera pas la Saint-Valentin ce soir. Pas parce qu’il trouve cette fête trop commerciale ou parce qu’il est célibataire. Au contraire, il est polyamoureux : il a deux partenaires, de manière tout à fait assumée et transparente. Pour ce Parisien de 39 ans, la Saint-Valentin « ne représente qu’un seul type d’amour. Je n’ai rien contre le côté romantique, mais la Saint-Valentin, c’est l’amour à deux, monogame, exclusif, limite possessif ».

Il n’est pas le seul polyamoureux à bouder cette fête. C’est aussi le cas de la réalisatrice Isabelle Broué, polyamoureuse depuis dix ans et qui vient de sortir un film sur le sujet, Lutine. « Je ne supporte pas cette fête. On vend des roses, des chocolats, mais c’est toujours pour la figure établie du couple », s’emporte-t-elle. Elle va passer la nuit avec son partenaire principal et ses enfants.

Si elle n’a pas l’habitude de fêter la Saint-Valentin, Isabelle Broué a déjà vécu une soirée bien particulière. « Il y a quelques années, j’étais chez des amis, polyamoureux eux aussi. Ils ont décidé d’inviter tous leurs partenaires et les partenaires de leurs partenaires. On était quatre à l’origine. On a fini la soirée à dix-sept ! », rigole-t-elle.

Composer avec les envies de chacun

Jena, 40 ans, a cinq partenaires et vit avec deux d’entre elles, dont Pauline, 33 ans, qui a une autre relation. Cette année, Jena et Pauline organisent un dîner. « On devrait être une dizaine, estime Pauline. L’idée c’est que personne ne se sente délaissé. Une année, on a même réservé tout l’étage d’un restaurant pour accueillir tout le monde. » 

Les invités se connaissent tous. «On ne force personne à participer. C’est un grand moment de tendresse, très bisounours ! Il n’y a aucune rancœur, aucune tension», assure Jena. Avant ce genre de dîner, Pauline passait deux soirées de Saint-Valentin : « Je voyais une personne la nuit du 13 et une autre le 14. Donc le jour même de la fête, je me réveillais avec un partenaire et me couchais avec l’autre. »

La soirée de Saint-Valentin en tête à tête, c’est aussi le choix de Samuel, 29 ans. Il a deux copines, dont sa principale qui vit au Japon. À cause du décalage horaire, il fêtera donc sa Saint-Valentin en journée et virtuellement. « On va s’appeler et regarder des séries à distance. Là-bas, il sera minuit mais pour moi ce sera l’après-midi. Je me suis acheté de quoi faire des tartines », plaisante le jeune homme. Il ne passera pas la Saint-Valentin avec son autre partenaire. « Je n’en ai pas envie et elle non plus. Pour elle, ce sera un jeudi comme un autre et cela lui va très bien. »

 

Photo de couverture : Wikipedia Commons