Des étudiants de l’université Paris-Sciences-et-Lettres ont lancé Nightline, une plateforme d'écoute nocturne destinée à leurs camarades.
Debout devant une vingtaine de délégués de classes prépa d’un lycée parisien, Alexane est à l’aise, malgré un débit de parole quelque peu rapide. L’étudiante de 22 ans est venue ce mardi soir présenter l’association dont elle fait partie : Nightline, un service d’écoute gratuit lancé fin 2017 par des étudiants de l’université Paris-Sciences-et-Lettres.
Cinq nuits par semaine, entre 21h et 2h30, trois membre de l’association répondent au téléphone. A l’autre bout du fil, d’autres étudiants mais aussi des collégiens et des lycéens qui ressentent le besoin de parler. De leurs problèmes ou du dernier film qu’ils viennent de voir.
Alexane a choisi de rejoindre Nightline, après trois années difficiles en prépa. Un moyen pour elle de venir en aide aux jeunes tourmentés par leurs études. À la fin de son intervention, Alexane a pris un peu de temps pour mieux nous expliquer son engagement. Une activité du soir pas toujours simple à concilier avec sa vie de tous les jours, entre cours, partiels et soirées.
Le témoignage d’Alexane
« Nous sommes des personnes très emphatiques. Pour ne pas être soi-même affecté par ce qu’on nous raconte durant ces appels nocturnes, on a établi des procédés. Après chaque permanence, on consigne des notes dans un carnet : la teneur de la discussion, ce qu’on a ressenti et ce sur quoi on s’est senti en difficulté. Ça nous permet à la fois d’évacuer ce qu’on vient de partager mais aussi de mieux préparer les prochains appels. Et surtout de rentrer chez nous et de revenir à notre quotidien serein. La teneur même des appels varie. Parfois, on nous appelle pour parler des problèmes rencontrés en cours, ou bien de soucis personnels… D’autres fois, c’est juste pour nous raconter la fin d’un film ou discuter de l’actualité.
Il arrive que les appels soient plus difficiles passé minuit, mais ça dépend plus de la durée de l’appel que de l’heure. Au bout d’une heure de discussion, la personne au bout du fil se livre bien plus facilement, c’est logique. Je connais quelqu’un qui fait la même chose à Londres, où les permanences durent toute la nuit. Là-bas, vers 5h-6h, les appels sont beaucoup plus durs, plus sombres. Un psychologue nous suit deux fois par mois. S’il estime qu’on est affecté par ces appels du soir ou que ça peut avoir une incidence sur nos journées, on en parle. Et si on rate l’un de ces deux rendez-vous, on ne peut plus faire de permanence.
Afin de tenir mon engagement associatif, je me suis arrangée avec ma fac pour placer tous mes cours l’après-midi. Quand il y a des partiels, on s’organise avec les autres étudiants de Nightline pour toujours trouver trois personnes de disponibles, le minimum pour tenir une permanence. Pour que Nightline n’empiète pas trop sur les études, on privilégie le recrutement d’étudiants situés près du lieu où se déroulent les permanences. Ça permet de ne pas mettre trois plombes pour revenir chez soi. On paie même le Uber pour rentrer après 2h30. Ça rassure tout le monde. Nightline n’est pas vraiment un problème pour ma vie privée. En fait, l’association nous a même rapprochés mon copain et moi. Lorsque j’avais une permanence, il restait éveillé jusqu’à trois heures pour m’attendre. Et comme on était dans le même internat, il laissait la porte de sa chambre ouverte pour que je le rejoigne. »