Ils promettent aux utilisateurs de dormir comme des bébés. Mais que valent vraiment ces objets connectés et applications d'aide au sommeil ?
De plus en plus d’entreprises veulent améliorer notre performance dans une activité qui occupe un tiers de notre vie : dormir. Applications pour smartphones, masques connectés, les innovations liées au sommeil pullulent. Mais sont-elles réellement efficaces ?
Les applications les plus courantes dans le domaine du sommeil font du “tracking”, c’est-à-dire qu’elles collectent des données pendant notre sommeil. Certaines, comme Sleep Better Runtastic, permettent d’analyser les cycles de sommeil. En étudiant les bruits de respiration et la fréquence de nos mouvements, elles parviennent à définir des courbes retraçant les différentes phases de notre nuit : sommeil léger, profond ou paradoxal. D’autres, telles que Sleepbot, s’assurent de déclencher des alarmes pour que l’utilisateur aille se coucher ou se réveille au meilleur moment pour être en forme. Là encore, il s’agirait d’une analyse des cycles de sommeil à partir des sons captés.
Le Dr Laurent Portel, pneumologue et somnologue à l’hôpital de Libourne, a lui-même utilisé une de ces applications pendant quelques semaines, «par curiosité». Il reconnaît qu’elles peuvent être un soutien pour ses patients. Mais faute d’information sur leur fonctionnement, il reste prudent : « Personne ne sait comment marchent ces applications, les concepteurs ne donnent aucune information. Difficile de se faire un avis médical ».
Les objets connectés, nouveaux compagnons de nuit
Outre les applications, de nombreuses entreprises ont développé toutes sortes d’objets connectés. Sur la même base du tracking, l’oreiller iX21 dit “intelligent scrute la respiration, les mouvements du corps ou encore le rythme cardiaque pendant le sommeil. Ce principe peut également être étendu à des bracelets ou bien des masques.
Un ingénieur, Kevin Kastelnik, et un hypnopraticien (c’est à dire un diplômé en psychologie qui pratique l’hypnose), Guillaume Gautier, ont eux mis au point Hypnos, un masque d’hypnose connecté. « L’objectif est de permettre aux gens de travailler sur l’amélioration de la qualité du sommeil », explique Kevin Kastelnik. Selon ce dernier, ce masque ne collecte pas de données pour indiquer l’état du sommeil de l’utilisateur, mais se charge d’aider à l’endormissement en envoyant des stimuli lumineux.
Un petit point production s'impose ? Nos petits masques Frenchy HYPNOS ??, assemblés avec soin du côté d'Avignon sont prêts à être expédiés ! ?#dreaminzzz #avignon #startup #innovation #hypnos #bienetre #madeinfrance #cocorico #bleublancrouge #sante #sommeil pic.twitter.com/EMeptYmjh0
— DreaminzZz (@DreaminzZzCrew) February 13, 2019
Très prisés des consommateurs, les appareils connectés ne sont pas l’apanage des particuliers. D’après le Dr Pierre Lachambre, médecin ORL et somnologue à Bergerac (Dordogne), « la médecine du sommeil utilise déjà du matériel connecté pour ses patients, comme les appareils pour réguler l’apnée du sommeil ». À ce jour, aucune étude ne révèle un quelconque aspect néfaste de ce genre d’outils, pourtant utilisés durant plusieurs heures. « Les patients dorment avec, et les appareils remontent des informations aux médecins, précise le Dr Lachambre. Ils peuvent ainsi suivre l’évolution du patient et adapter la prise en charge. »
Si aucune étude médicale ne valide pour l’instant l’efficacité de ces procédés, une étude américaine de la National Sleep Fondation et de la Consumer Electronics Association, révèle qu’en 2015, 51% des utilisateurs d’applications affirment mieux dormir depuis qu’ils les utilisent.
Alors effet placebo ou réel impact sur l’organisme ? Difficile à dire pour le moment, mais le Dr Portel est convaincu d’une chose : «Tous ces outils peuvent rendre service, mais ni les applications ni des objets connectés ne remplaceront une bonne hygiène de sommeil.»
Photo de couverture : Senior Airman Destinee Sweeney (Air force medical service).